Vous le savez maintenant, parler de #hchouma est un peu mon dada.
Mon objectif n’est évidemment pas de créer le malaise mais bien d’essayer d’aborder les sujets les plus tabous en vue de sensibiliser à certaines réalités et d’inviter à une prise de conscience qui permettra peut-être à certains de se reconstruire et de (re)trouver un équilibre nécessaire.
Dans la catégorie des sujets très répandus, dévastateurs et pour lequel il est commun de vivre dans un profond déni, j’annonce… la pornographie.
Alors qu’il est aisé et assumé d’en parler dans certaines cultures, il relève d’un tabou inabordable dans d’autres. Et pourtant les adolescents, adultes de toutes les classes sociales et de toutes les éducations confondues souffrant d’une addiction sont nombreux.
Ce sujet semble être d’autant plus sensible au sein de certaines communautés puisqu’il s’oppose directement à un référentiel religieux qui prohibe sa consommation. Il devient alors difficile pour une personne (homme ou femme) d’assumer ou de faire savoir (à un parent, conjoint ou professionnel de la santé) qu’elle a eu recours à un tel “péché”.
Face à un tel déni, de nombreux couples se retrouvent livrés à eux-mêmes, laissant le mal-être prendre place dans leur vie la plus intime.
Bien qu’elle ait toujours existé, même dans les civilisations les plus anciennes, l’avènement d'internet donnera un accès sans limite à la pornographie, devenant accessible à nos enfants dès leur plus jeune âge.
Et parlons-en de nos enfants! Loin d’être protégés de l’hypersexualisation de nos sociétés, la pornographie cause sur eux des désastres conséquents. Certains pédopsychiatres parlent même de “viol psychique” tellement les chocs peuvent s’avérer importants et violents.
Anticiper ces conséquences commence par oser aborder le sujet. Parce que non, nos enfants ne sont pas des êtres asexués sans ressentis qui ne penseront à ça qu’à l’âge adulte. Comment leur en parler me direz-vous ? Je peux vous conseiller de lire le livre “ Parlez du porno à vos enfants avant qu’internet ne le fasse” de Anne Labouret et Christophe Butstraen.
En effet, les auteurs évoquent dans ce livre la manière d’aborder la question en partant du constat que l’exposition des enfants à la pornographie est inévitable et qu’il est primordial de les y préparer. L’ouvrage révèle également que la première exposition a lieu vers l’âge de 11 ans et qu’à la fin du collège (secondaire inférieur), 100% des enfants auront été confrontés à des vidéos pornos. D’autant qu’aujourd’hui, ce type de contenu se retrouve aussi bien accessible via des jeux vidéos populaires, que dans des séries dites pour enfants/ado. C’est dire à quel point le sujet ne peut être minimisé et combien il est important d’anticiper les choses afin d’éviter une addiction dès l’adolescence.
Pornographie dès l’adolescence, vraiment?
L’adolescence, cette période où le corps est en ébullition. Il est tel un volcan qui bouillonne. Certaines émotions, certaines hormones se manifestent et laissent parfois l’adolescent mal-accompagné incapable de savoir comment les gérer. Et c’est alors que ce que l’on redoute peut se produire. Il se tourne vers ce qu’il y’a de plus accessible, le porno.
On trouvera également un terrain propice à de tels comportements compulsifs dans une enfance marquée par des traumatismes, un mal-être, des abus sexuels ou des frustrations importantes non comprises.
Bien évidemment, l’addiction n’est pas immédiate.
Au départ, c’est une phase de découverte et de curiosité. On veut savoir ce que c’est, ce que ça procure. Et puis on recommence une deuxième fois, puis une troisième, entrant petit à petit dans une répétition qui aboutira à une accoutumance certaine.
Concrètement, comment cela se passe?
S’exposer à du contenu pornographique stimule certaines hormones: l’adrénaline (l’hormone des sensations fortes, du stress, etc.), la dopamine (l’hormone que l’on associe à la recherche du plaisir, de l’exploration, etc.) et l’endorphine ( sécrétée par le cerveau, elle est associée à la sensation d’euphorie et à l’accroissement du plaisir). Bien que ces hormones soient créées par notre corps au quotidien en fonction des situations, le porno va avoir pour effet de les stimuler à l’extrême. Elles seront par la suite responsables de l’addiction, rendant le corps complètement addict à la production de ces hormones.
C’est alors qu’avant même de pouvoir s’en rendre compte, le besoin devient incontrôlable. La consommation de la pornographie devient de plus en plus fréquente, peu importe le lieu, allant jusqu’à faire ressentir à la personne le besoin de se soulager de manière immédiate , soit par la masturbation, soit par du porno, soit par les deux.
Quelles peuvent-être les conséquences d’une telle addiction?
Comme toute chose qui relève de l’addiction, les conséquences peuvent être graves et nombreuses.
La première consiste à ressentir une profonde gêne et à s’isoler socialement.L’accro ne résiste que rarement à l’appel du porno, et cela plusieurs fois par jour. Peu importe le lieu, peu importe le moment, le besoin se manifeste et il faut y répondre. Bien évidemment, le malaise de répondre à de telles pulsions qui se manifestent est présent et il aura des conséquences sur son travail, dans son couple, sa famille, sa spiritualité, etc.
La seconde conséquence est celle qui viendra fausser tout l’imaginaire érotique qui peut s’avérer extrêmement problématique dans l’intimité d’un couple.
Une personne qui n’a jamais regardé de pornographie va développer une imagination qui lui permettra de ne pas entrer dans des comparaisons et de laisser libre cours à son imagination.
Par contre, l’homme habitué à regarder un tel contenu va inévitablement chercher à comparer, à reproduire ce qu’il a vu, sans nécessairement prendre en compte le désir de son épouse, de son envie, de son consentement, voire de son dégoût pour la chose qui lui est demandée.
La troisième conséquence s’inscrit dans un triste cercle vicieux. Quand l’accoutumance prend place et s’installe, la personne habituée ressentira le besoin de se tourner vers un contenu plus violent et plus “vulgaire” pour ressentir la satisfaction recherchée. Les effets sur la vie de couple et l’intimité deviennent inévitables.
L’exemple de l’épouse en manque de confiance en elle n’est pas des moindres et il est très fréquent même en consultation. Il arrive en effet de ne pas avoir conscience de la situation et des conséquences de l’addiction du conjoint. Dans un tel cadre, il lui est difficile de comprendre pourquoi son mari a de tel désir sexuel. Dans le but de le satisfaire ou du moins de ne pas le décevoir, elle n’osera dans un premier temps pas dire non, pour finir par fuir ces moments et trouver toutes les excuses pour échapper à l’intimité.
Et puis, il y a aussi la conséquence physique. Un(e) habitué(e) du porno et de la masturbation peut être amené(e) à rencontrer dans sa sexualité une baisse de libido vis-à-vis de sa/son partenaire, des troubles de l’érection et de l’éjaculation chez l’homme, voire des troubles de plaisir et d’orgasmes.
Il serait également erroné de croire que l’addiction ne concerne que les hommes. Cependant, en consultation, il m’est plus fréquent d’avoir des retours d’addictions masculines. Par ailleurs, il semble être de plus en plus “admis”, légitime et accepté par les femmes que les hommes regardent du porno. Maintes fois, il m’a été donné d’entendre que “ce n’est pas si terrible finalement pour un homme”, le dédouanant au passage de toute responsabilité. J’entends même que certains couples reçoivent le conseil de regarder du porno ensemble pour pimenter leur vie sexuelle...
Au delà de l’interdit religieux, se tourner vers de telle pratique est-il réellement efficace?
Et puis, existe-il des solutions pour s’en sortir? Que mettre en place?
Bien évidemment, aucune addiction n’est irréversible pour quiconque veut réellement s’en sortir, pour autant que les efforts nécessaires soient mis en place.
Je vous propose d'aborder les pistes de solutions dès mon prochain article, alors restez connecté!