Le désir féminin


Et si on mettait directement les pieds dans le plat?

Parlons aujourd’hui de désir féminin. Et oui, encore un sujet qui touche de nombreuses femmes et de nombreux couples mais qui est un tabou de plus à rajouter à la longue liste. Et vous le savez maintenant, les tabous, c’est mon dada!


Manquer de désir peut au quotidien nuire à une sexualité épanouie du couple.

Les facteurs peuvent être multiples, et la souffrance qui s’y lie tout aussi destructrice.

Je reçois fréquemment en consultation des hommes qui expriment leur fatigue ou leur mécontentement de voir que leur femme n’a jamais envie. Mais il en est de même des femmes que je reçois et qui ne comprennent pas pourquoi cela ne vient pas, bien qu’elles souhaiteraient pouvoir vivre une sexualité plus stimulante.

D’autant que de nombreux hommes lient le désir affectif et le désir sexuel, s’imaginant que si leur épouse ne les désire pas et ne recherche pas de moment d’intimité , c’est qu’elle ne les aime pas. Il me revient souvent que  pour eux, il y’a un réel besoin qu’elle leur dise “j’ai envie de toi”, comme si cela venait confirmer l’amour qu’elle porte à son époux, le rassurant et lui permettant ainsi de se sentir aimé.

Or, ces deux sentiments sont bien évidemment à dissocier. L’amour peut être présent, intense et profond sans pour autant engendrer de désir sexuel.


Sur base de mes quelques années d’expériences et bien que les points qui vont suivre ne sont pas exhaustifs, quelques freins reviennent fréquemment. En voici quelques uns:


  • Avant de parler de désir sexuel, il est parfois important de parler de désir tout court. Le tempérament ou l’état psychologique d’une personne influence fatalement son désir et son envie, même dans les simples choses du quotidien. S’agit-il d’une personne qui se lève le matin en se réjouissant de passer une bonne journée ou s’agit-il d’une personne que rien ne fait vibrer?


  • Incontestablement, être bien dans son corps, dans sa tête, dans sa vie et dans son couple influencera le désir aussi bien de la femme, que de l’homme. Le bien-être joue un paramètre extrêmement important dans l’épanouissement de la sexualité.


  • Oser faire le constat de l’état de santé de son couple permettra de parfois mettre le doigt sur des faux problèmes. Si la vie de couple n’est pas épanouie, la sexualité pourra ne pas l’être. Si les tensions et les conflits sont quotidiens dans le foyer, l’impact sur l’intimité est inévitable. Parallèlement, si le désir féminin est absent, le couple est en droit de se demander si ensemble, au delà de l’intimité, un partage existe. Le temps passé ensemble est-il de qualité ou au contraire s’agit-il de colocataires qui se croisent quelques heures après le boulot et pour qui les rapports représentent une corvée. Car dans un tel schéma, cela représente pour la femme des minutes de sommeil en moins et une douche supplémentaire dont elle se passerait volontier.


  • Il est aussi parfois question de se demander si l’on se sent aimé et désiré. Le regard que porte l’autre sur nous a du sens et pourra parfois impliquer une réciprocité. Se sentir désirée motivera à se faire belle, à plaire et à séduire, stimulant ainsi le désir.


  • La responsabilité est souvent jetée sur la femme lorsque la sexualité n’est pas épanouie ou qu’elle n’a pas souvent envie. Ne faudrait-il pas se demander aussi si son conjoint lui donne envie d’avoir envie?


  • Certaines femmes, par méconnaissance de leur corps, par blocage ou par difficulté à se laisser aller sont incapable d’identifier ce qui leur procure du plaisir. A la question de savoir si leur mari leur procure du plaisir, certaines sont évasives, exprimant une insatisfaction mais ne sachant pas ce que la satisfaction sexuelle représente. Les couples ne sont pas préparés au mariage. Ils le sont encore moins lorsqu’il s’agit de sexualité et de prendre du plaisir.


  • Il arrive également qu’une femme ne ressente pas de désir sexuel à cause de problèmes hormonaux. Il est dans ce cas important d’exclure toutes les éventuelles pathologies hormonales. Des facteurs comme une grossesse, un accouchement ou une ménopause, entraînant également des changements hormonaux  peuvent aussi être une raison de l’absence de désir, causant parfois des douleurs lors des rapports, etc. En cas de douleur, il est d’ailleurs  important de consulter pour en chercher la cause.


  • Si certaines femmes n’ont plus envie de faire ce qu’elles appellent “l’amour", c’est parfois dû au fait qu’elles sont soit victimes de viol conjugal, sans parfois même qu’elles ne l’admettent ou qu’elles soient prêtes à le qualifier comme tel. Ce qu’elles vivent, ce sont des rapports contraints, pour lesquels elles ne ressentent aucun plaisir et qui vient poser un traumatisme sur ce qui est censé être consentement, douceur et moment de partage dans l’intimité.  D’autres par contre subissent leur sexualité parce qu’il s’agit de rapports illico-presto, qui ne servent qu’à assouvir l’homme et durant lesquels elles ne ressentent rien. LE devoir conjugal auquel répondent bon nombre de femmes pour se sentir être une bonne épouse...


  • Nous sommes tous le résultat de notre histoire, de notre passé, de nos blessures et de nos frustrations, même lorsque cela touche la sexualité. Certains événements  avant le mariage (ou même pendant)  tels que des attouchements, une relation précédente qui s’est soldée par une rupture brutale pour la femme peuvent avoir des répercussions dans l’intimité.



Vous l’aurez compris, nombreuses sont les raisons qui peuvent expliquer l’absence de désir chez la femme, et celles citées ne sont qu’un bref échantillon. L’important est de pouvoir identifier la cause et y apporter des solutions. Au delà des tabous, des malaises, des frustrations que cela crée, une prise en charge rapide est nécessaire puisque plus les habitudes s’installent, plus il sera difficile de les changer.

La sexualité et ces moments d’intimité qu’un couple partage ont aussi pour vocation à servir l’épanouissement personnel et l’épanouissement du couple. Ils ne doivent en aucun cas venir renforcer un mal-être, une frustration ou des blessures. Prendre soin de sa sexualité, c’est prendre soin de soi et de son bien-être.