La charge mentale : ça s'arrête quand ?

La charge mentale


On en parle de plus en plus aujourd’hui. Les réseaux sociaux et les médias prennent conscience de ce fléau et sensibilisent petit à petit les femmes en surcharge mentale avant qu’il ne soit trop tard.

Et pourtant, c’est comme si ce n’était pas assez. Comme si derrière cette sensibilisation, il y avait un quotidien qui allait beaucoup trop vite pour qu’on prenne le temps de le réajuster, laissant grandir parfois un mal-être chaque jour plus grand.


La charge mentale, c’est le terme qui a été donné au fait que                                                                                                                                                             notre cerveau soit en fonctionnement constant, sans arrêt, jusqu’à ce qu’il arrive à ce qu’il dysfonctionne à cause de la surchauffe. C'est un poids, une charge, un stress, un frein réel à notre épanouissement et à notre bien-être quotidien.

Nous sommes nombreuses à être concernées mais trop peu à se décider à en finir avec cette charge mentale.

La charge mentale, c’est d’avoir banalisé cette folie de faire passer tout et tout le monde avant nous:  la maison, le boulot, en passant par la crèche, l’école, les courses, les repas, etc.


A peine les pieds hors du lit que nous voilà déjà en train d’analyser les tâches à faire, à lister ce qu’il manque et à programmer ce qui doit suivre.


C’est quand il y a au même moment, à la première heure de la journée des tâches qui habitent votre esprit telles que de ne pas oublier de changer le tapis de la salle de bain, se rappeler de préparer le sac de gym des enfants, mettre un rappel pour envoyer un sms à 15h à Monsieur pour lui rappeler la séance de logopédie du petit.

Envahie par un profond sentiment d’épuisement alors que la journée vient de commencer, tout va tellement vite que l’on ne prend même plus la peine de se questionner sur le pourquoi. D’autres fuient ce questionnement, tellement prendre à bras le corps ce travail paraît insurmontable.

Et puis de toute façon, il n’y a pas de temps pour tout cela, la journée doit commencer. Le moindre retard et c’est toute l’organisation de la journée qui peut être impactée.

On réveille les enfants, on aère les chambres, tout en se rappelant qu’il faut changer les draps ce soir, on prépare les collations avec un fond de culpabilité de ne pas avoir fait la veille un gâteau maison healthy. Mais la veille, après les devoirs, la vaisselle et la dernière machine, nous étions épuisées.

On ne s’épargne pas non plus les questions de passage de Monsieur qui nous demande où est sa dernière paire de basket. On prend le temps de lui expliquer d’ailleurs qu’elles sont dans son armoire, à droite.

C’est aussi cela la réalité de nombreuses femmes et de nombreuses mères: pouvoir être même à des milliers de kilomètres et savoir parfaitement où se trouve chaque chose, comme si on devait être un peu partout à la fois et tout garder sous contrôle.

Chaque journée se répète, du soir au matin, du boulot à la maison, avec parfois des journées avec une charge supplémentaire, on n'en finit pas de penser, de réfléchir, pour tout et tout le monde : le mari, les enfants, les parents, les collègues parfois aussi en fonction du métier.


Cette charge mentale quotidienne finit par nous épuiser, et par avoir raison de nous et de notre bien-être.

On pensait être cette superwoman, cette épouse parfaite, cette maman au top, cette amie toujours attentionnée, cette collègue qui nous rappelle toujours le dernier dossier à envoyer mais cette petite voix intérieure qu’on cherche à enfouir nous rappelle parfois que l’on est finalement pas grand-chose pour nous-même. On s’est oubliée, à ne plus se reconnaître. L’image que l’on reflète dans le miroir nous est parfois inconnue,  parce que nous n’avons plus pris le temps de la regarder, de l’aimer, de la chérir et d’être en cohérence avec tout ce qu’on avait projeté pour elle.


Le plus dramatique est que ce rythme effréné en arrive à nous faire oublier le sens que nous voulions donner à notre vie. La vie de famille, la carrière professionnelle, la maison avec jardin, ce rêve qui peut devenir le pire des cauchemars. Ce n’est pas ce que nous voulions, ce n’est pas à cela que nous nous attendions.

Et rien n’épargne les impacts de cette charge mentale. Le couple et son intimité en deviennent également des dommages collatéraux. On est souvent fatiguées, souvent fâchées, on a perdu cette magie du début, on ne trouve plus de sens à cette vie à deux. La vie intime devient la dernière chose à laquelle on pense, celle tout en bas de la to-do list. S’il reste du temps en fin de journée, et que monsieur se montre insistant, alors pourquoi pas mais sinon, on s’en passerait bien pour gagner une heure de sommeil. L’envie n’est plus là. On s’y prête juste pour avoir la paix et pour ne pas paraître pour une mauvaise épouse.


Vous êtes en mode pilote automatique et plus rien ne vous satisfait. Vous remettez en question votre vie de femme, votre vie d’épouse et votre vie professionnelle également. Et pourtant, vous continuez.



Mais à quel moment dire stop? Que faut-il pour cesser de vivre avec cet épuisement qui nous consume? Le burnout et la dépression guettent la santé mentale de toutes ces femmes et il devient urgent de poser un arrêt. Un stop. Une pause. Un temps.


Étape 1: stop !


S’arrêter et se questionner. Bien souvent, on ne sait pas par où commencer alors mon conseil est de commencer par tout déposer sur papier.  Vos sentiments, votre colère, ce que vous aimeriez changer,  tout ce qui vous épuise au quotidien, absolument tout.

Prenez le temps de déposer cette charge qui atteint votre santé mentale.

Et cela avant de tout plaquer et de ne plus pouvoir rien donner.


Étape 2 : en parler


En parler à soi-même, à une personne de confiance ou à un.e professionnel.le qui pourra vous accompagner dans ce changement impératif que vous devez enclencher.


Étape 3 : en parler à son conjoint


La charge mentale est souvent au cœur des réajustements qui doivent être opérés au sein du couple.

Il se peut qu’il ne comprenne pas la raison de votre mal-être. Alors prenez le temps de lui déposer tout ce qui vous pèse. Tout ce que vous souhaitez réajuster.

Il est possible aussi qu’il ne soit pas réceptif, parce que cela impliquerait pour lui d’engendrer des changements moins confortables. Mais ça ne doit pas vous dissuader de reprendre votre bonheur en main.


Étape 4: se décharger.


Non pas en ajoutant à votre charge mentale le fait de rappeler au conjoint qu’il faille faire telle ou telle chose mais se décharger en entamant un réel travail de lâcher prise. Il se peut que cela prenne du temps, que tout ne soit pas parfait, que ça ne soit pas fait comme vous l’auriez voulu. Mais ce n’est pas grave, pour autant que ce temps gagné soit pour vous et uniquement pour vous.


Vous vous êtes sûrement demandé lors de votre parcours de vie si les femmes et les hommes étaient à ce point différents?  Mais n’est-ce pas nous qui entretenons ce dysfonctionnement ? Assister la gente masculine au quotidien, se réjouir qu’il ait accompagné les enfants à l’école après que nous ayons tout préparé et en plus l’en remercier, contribue à cette inégalité de charge mentale.

C’est un peu comme si nous avions banalisé et accepté que tous ces actes que les hommes font au quotidien étaient un service qui nous était rendu. À l'inverse, je doute que toutes les tâches quotidiennes réalisées par les femmes soient considérées par les hommes comme des services.


Il ne peut donc en être autrement, la question de la charge mentale se doit d’être traitée en couple, en famille et en société.

C’est une question qui nous concerne tous et toutes parce qu’une femme qui n’en peut plus de sa charge mentale, c’est une femme épuisée, aigrie, en colère et pleine de tristesse dont les actions quotidiennes impacteront un foyer, une structure, un travail, une famille.