Etre marié.e à un.e indépendant.e, jackpot ou dommage collatéral ?




Je prends le temps d’aborder avec vous un sujet qui me revient très fréquemment en consultation et pour lequel finalement, on ne parle que très peu. Etre marié.e à un.e indépendant.e, jackpot ou sacrifice ?

Lors des premières rencontres et des premières discussions, quand l’un et l’autre partage sur ce qu’il fait dans la vie, ou ce qu’il souhaiterait faire, je suppose que rares sont celles et ceux qui prennent conscience de ce qui les attend lorsqu’il s’agit d’un.e indépendant.e. Cela semble être un travail, une profession comme une autre, avec au contraire l’indépendance et ses avantages. Et pourtant…

Une fois mariés, nous voilà prêts à tout partager : la salle de bain, l’armoire, la place dans le canapé, le temps libre/ou pas, et parfois la carrière professionnelle.

Que ce soit la volonté de s’investir dans une carrière professionnelle pour grimper les échelons ou se lancer en tant qu’indépendant pour développer le projet de ses rêves, ces choix de vie sont aussi à discuter ensemble, en prenant grand soin de mesurer le pour et le contre ( j’y reviendrai plus tard), ensemble. Ce type de décisions ne peut être pris par une seule personne, sans tenir compte des répercussions et des conséquences que cela aura sur l’autre.

Et pour cause, si Abdel décide de lancer un commerce, et qu’il compte s’y investir en moyenne 15h par jour, il vaudrait mieux que Leila soit d’accord avec les sacrifices (temporaires ou non) que cela implique sur la vie de famille et de couple.

Alors bien évidemment, si Leila est parfaitement d’accord avec cela et qu’elle accepte ce nouveau mode de vie, tout va bien dans le meilleur des mondes.

Il n’existe pas un seul schéma à suivre lorsqu’il s’agit du couple. Certains ressentent le besoin de passer beaucoup de temps ensemble, d’autres se complaisent parfaitement à avoir une vie active, chacun de son côté, sans prendre le temps de passer du temps ensemble tous les jours.
Sauf que la situation commencera rapidement à peser sur Leila si dès le départ, elle ne souhaitait pas sacrifier ce qui était important pour elle, comme pouvoir avoir une place dans les journées et la vie de son mari, et ne pas avoir à seulement le croiser 30min par jour. Ou peut-être qu’elle ne se rendait pas compte de l’impact que cela aurait sur leur vie quand elle a accepté.

A titre d’exemple, j’ai cité Leila comme étant celle qui se retrouve lésée par la situation parce que les cas les plus fréquents des couples que je rencontre concernent des femmes, mais il existe bien évidemment des femmes qui se lancent dans des carrières professionnelles prenantes en impactant inévitablement  leur homme et leur vie de famille.

C’est alors que sur base de cette situation qui pèse sur ce couple pour qui tout allait bien au préalable, tristesse, rancœur et souffrance prendront la place du quotidien. Et lorsque l’un des deux est habité par de telles émotions, cela impactera inévitablement la vie de couple.


Alors que faire?

Chaque couple se doit d’avancer sur base de valeurs communes. Et dans de telles situations, il est important de s’en rappeler.

Si l’argent ou la condition professionnelle représente une valeur importante pour les deux, c’est une bonne chose. Mais si pour l’un, la devise est de vivre pour travailler, et que pour l’autre on travaille pour vivre, mésentente et frustrations il y aura.

Il est difficilement concevable qu’un couple puisse s’épanouir si pour l’un, l’important est de construire une relation en passant du temps ensemble, voyager, créer des  centres d’intérêts commun, accorder une place à la famille, à la vie spirituelle, alors que pour l’autre, l’unique priorité est d’être disponible à 100 % pour son boulot, quitte à empiéter sur tout le reste.

Questionner les valeurs du couple et les remettre au cœur des choix communs est une première étape pour retrouver la sérénité matrimoniale.

Si après cette première étape, le couple ne se retrouve plus sur ces valeurs communes, il est évident que les problèmes ne feront que prendre plus de place. Et pour cause. Les reproches fuseront de part et d’autre. L’un ressentira chaque jour un peu plus le fait de ne pas être prioritaire et aura l’impression d’être abandonné, pendant que l’autre aura l’impression d’être incompris.e, qu’il/elle n’est pas soutenu.e. dans ses projets.

Mais des deux côtés, c’est alors que les répercussions commençeront à peser.

Celui qui s’absente de la maison de longues heures, jusqu’à rentrer à des heures tardives en laissant l’autre conjoint.e seul.e face aux tâches domestiques, à la charge des enfants, aux courses et espère qu’en rentrant, les retrouvailles se dérouleront dans la paix, la joie et la bonne humeur et que l’envie sexuelle sera au rendez-vous a peu de chance de voir ses désirs devenir réalité.

Les conséquences d’un tel choix, s’il n’est pas validé par l’époux.l’épouse, le contraint à assumer une situation et des charges supplémentaires qu’il ne souhaite pas.

Quel couple a pour projet de s’épanouir alors que l’un souffre de l’absence de l’autre tout en subissant les conséquences des choix qu’il n’a pas fait ? A mon humble avis, aucun.

Quant à la personne qui positionne sa vie professionnelle avant sa vie de couple et qui ne souhaite pas que les choses changent, elle se doit d’être honnête vis-à-vis d’elle-même, et vis-à-vis de l’autre en se demandant si pour elle, le travail est devenu prioritaire et le couple une option? Est-il juste de s’être engagé avec une telle perception des choses, ou du moins avec une personne pour qui le couple est une priorité ? Est-il correct de s’être engagé dans un mariage qui n’offre à l’autre qu’un sentiment de délaissement au profit d’un job qu’on aime et qui nous passionne ?

J’ai souvent en consultation des couples qui, loin de se poser la question, ne semblent pas percevoir où le bas blesse. Pour l’homme ou l’époux qui s’adonne corps et âme à son emploi, ce sont souvent des réponses telles que: “Mais c’est pour elle que je fais cela”. “Je fais cela pour que nous ne manquions de rien et qu’elle puisse partir en vacances et avoir ce qu’elle veut”.  

Pour eux, l’aspect et le confort financier valent bien tous ces sacrifices. Et si de tout cela, l’autre n’en voulait pas? Et si l’autre ne vous avait rien demandé ?

Et si pour ce conjoint.e. sacrifié, un train de vie plus modeste et une vie de couple de qualité lui étaient préférables ? Faut-il que l’autre soit apte à l’entendre, et c’est là que tout le travail commence.

Tous ces choix impactent la vie de couple au quotidien et n'épargnent pas l’intimité. Ensemble, le couple vit peut-être dans une belle maison et possède une belle voiture, s’habille des plus beaux vêtements mais une fois la porte fermée, la probabilité pour que ce soit deux inconnus qui se retrouvent est grande. C’est alors que tout ce confort matériel qui laisse paraître aux yeux du monde un couple magnifique pour qui tout réussit, ne peut plus rivaliser avec cette absence habituelle du foyer, cette indisponibilité constante, ce travail qui n’a laissé au couple aucun moyen de partager de la complicité au quotidien. Tout l’or du monde ne pourra pas compenser ce sentiment de non-considération que vit l’autre au quotidien, ce manque d’amour qu’il ressent chaque matin parce que l’autre n’a plus une minute à lui accorder. Du moins, pour qui l’or n’a pas d’importance. Et très souvent, le désir sexuel en prend inévitablement un coup fatal, quitte à complètement disparaître au fur et à mesure des années.

Si je prends le temps d’aborder le sujet à travers cet article, c’est que de plus en plus d’hommes et de femmes viennent me voir avec ce sentiment de s’être sacrifié pour l’autre jusqu’à en être détruit.e.

Une patiente qui venait consulter après 15 ans de mariage et qui avait mis sa carrière de côté pour que son époux puisse se consacrer à la sienne finissait par admettre qu’elle ne supporte plus cette situation et qu’elle était rongée de regrets.

Ils ont certes fondé ensemble une famille et ont eu de beaux enfants, mais 15 ans plus tard, son époux connaît une carrière professionnelle brillante pendant que la sienne est restée toutes ces années en stand-by. Cela a fini par affecter l’estime d’elle-même puisque ses compétences ne sont plus à jour, qu’elle aurait aimé s’épanouir professionnellement et qu’elle n’a à présent plus confiance en elle. A force de s’être effacée pour laisser son mari briller, voilà qu’elle se sent dévalorisée, qu’elle n’a plus goût à rien et encore moins à une vie sexuelle active.

Comme souvent, son époux ne comprend pas son mal-être puisque pour lui, elle vit dans dans un certain confort matériel et que pour lui, elle ne manque de rien. Et si justement, pour elle, elle manquait de ce qui est vraiment important pour elle?

C'est alors que les introspections, les remises en question et les grands questionnements doivent avoir lieu. Continuer à avancer dans un couple et savoir que l'autre est malheureux des choix qu'on lui imposent au risque parfois de le perdre ou faire le choix d'un couple où l'un et l'autre ont l'espace nécessaire pour s'épanouir, sans compromettre le bonheur d'un des deux deux.

Et vous, l’équilibre entre votre vie privée et votre vie professionnelle est atteint ? Prenez-vous le temps d’en discuter et de faire des mises à jour avec votre partenaire de vie ?

Vous l’aurez compris, il n’y a pas de modèle unique à suivre, uniquement la voie du bonheur à trouver, seul(e) ou à deux, à vous de choisir !